Profil ajouté

AccueilProjets Jusqu'à ce qu'on les dépossède
Projet de jeune(s)

Jusqu'à ce qu'on les dépossède

 

Compagnie Jusqu'à ce qu'on nous dépossède

mcozelleouet

Porteur principal

Contacter

En quoi consiste le projet

Jusqu'à ce qu'on les dépossède tire son titre d'une formule entendue dans un des entretiens qui a précédé son existence. Lors d'une discussion enregistrée pour l'émission radio La Grande Maison, diffusée sur Radio U de janvier à juin 2022, un ancien charpentier-tôlier de l'arsenal me parle du moment où, le chantier du navire terminé, les marins "prenaient possession" de ce dernier. Les ouvriers de l'arsenal, seuls maîtres à bord jusque là, en étaient alors dépossédés. 

En 2021, le diagnostique d'aphasie progressive posé sur mon grand-père paternel, ancien électronicien et syndicaliste à l'arsenal de Brest, me fait prendre conscience de mon désintérêt passé pour son parcours. Mis à part le fait qu'il ait travaillé à l'arsenal de Brest, et qu'il y a occupé plusieurs mandats syndicaux, je n'en sais pas plus sur son métier, ni sur les évènements qui ont jalonné sa vie. Instinctivement, je veux palier à cette méconnaissance, en allant interroger d'anciens ouvriers, qui auraient pu connaître mon grand-père. Cette quête personnelle se couple avec le début de mon bénévolat à Radio U, où l'opportunité m'est offerte de créer une émission radio. Je pourrais enregistrer les entretiens que je réaliserai avec les anciens ouvriers de l'arsenal, afin de les partager au plus grand nombre. D'une recherche de sens personnelle, je pourrais transformer cette initiative en une possible quête globale, à l'échelle de la ville de Brest. Car dès le premier entretien, je découvre que ceux-ci ne parlent jamais que de la mémoire d'une seule personne, mais bien du passé de l'ensemble de l'appareil industriel qu'était l'arsenal, d'une ville qui s'est construite avec ce dernier, et d'un monde ouvrier sans doute aujourd'hui disparu, du moins profondément changé. 
L'émission La Grande Maison est alors créée - du nom donné à l'arsenal par ses ouvriers. Diffusée de janvier à juin 2022, elle a consisté à diffuser tous les mercredi un entretien que je réalisais avec un témoin de l'histoire de l'arsenal de Brest. 

A la suite de l'émission La Grande Maison, qui a donc permis la constitution d'un corpus d'une vingtaine de témoignages, Jusqu'à ce qu'on les dépossède repart des enseignements tirés par l'analyse de ce corpus, et re-convoque sur scène sept témoins parmi la vingtaine interrogée à l'origine. L'intérêt majeure de ce nouveau travail, est de rassembler sur scène, dans un même espace et un même temps, ces points de vue et ces parcours singuliers, afin de les faire dialoguer entre eux. Il s'agit de faire entendre la complexité de cette histoire, par autant d'entrées que de mémoires convoquées sur scène. A ces témoignages s'ajoutent également des images d'archives, qui tissent ces mémoires individuelles dans une trame collective, un contexte historique. C'est donc une forme de théâtre documentaire que nous tâchons de réaliser, portée exclusivement par les témoins de l'histoire convoquée. 

 

D’où est venue l’idée de ce projet

Jusqu'à ce qu'on les dépossède naît à partir d'un retour effectué sur l'expérience de La Grande Maison. Si l'émission radio créée en 2022 m'avait permis de découvrir cette mémoire, et de constituer le corpus à partir duquel je travaillerai ensuite, il ne permettait pas, dans sa forme même (chaque émission correspondant à une seule personne, et les entretiens se faisaient individuellement pour la majorité) de faire se rencontrer ces mémoires aujourd'hui. D'interroger, après l'épreuve du temps, ce que ces mémoires, dans leur confrontation, peuvent encore dire de Brest, de ses habitants, et de son histoire entrain de se faire. 

La forme théâtrale naît donc du désir de rassembler, et de faire dialoguer, sur un temps donné, et dans un même espace, des mémoires et des parcours singuliers sous l'égide d'une même histoire.

En parallèle de cette dimension collective, s'ajoute une recherche personnelle, qui était déjà l'amorce de La Grande Maison. Il s'agit pour moi, de voir dans ces paroles, la mémoire de mon grand-père paternel - lui-même ancien ouvrier et syndicaliste de l'arsenal - à laquelle je n'ai pas pu accéder. 

Quel est le public visé par ce projet

Le public visé correspond à l'ensemble de la population Brestoise - partant de l'idée que le sujet de la forme est constitutive de l'identité de l'ensemble de la population locale. 
Les anciens ouvriers de l'arsenal pourraient être les premiers visés - pour être porteurs eux-même d'une mémoire fortement liée à celles convoquées sur scène.
Les actuels salariés de Naval Group pourraient également se sentir concernés, pour être les descendants direct de l'ex-Direction des Constructions Navales (DCN). 
Les personnes ayant connu le moment de transformation de l'arsenal  - au tournant du XXIème siècle - sans avoir été eux-même ouvriers à l'arsenal, pourraient se sentir également concernés, au vu des manifestations auxquelles la ville a pris part en 1997-98 (Le mouvement Brest Debout) 
Les générations plus jeunes pourraient également se sentir concernées pour être dans la situation qui était la mienne au départ de ce travail : savoir que ses grands-parents ou parents ont travaillé à l'arsenal, sans savoir ce que cela veut dire concrètement.