ÉVIDENT, c’est un clip ambitieux né de la fusion de mes idées et de celles de Thibault Buan, qui est le réalisateur et le directeur artistique. Nous faisons tout les deux partie d'une association macérienne qui s'appelle AGRÜM, qu'avec 3 autres amis nous avons formés en 2019 et avec qui nous organisons un festival annuel, le Zëst-Noz. Thibault Buan et moi-même avons 22 ans. Mais revenons sur le clip, tiré du morceau Évident présent sur ma mixtape "Saïmourh Vol. 2" (son ici :
https://www.youtube.com/watch?v=KnT7uFLRsAo).
Il est séparé en deux univers très distincts. Pour chaque univers, il existe un décor. Le premier d’entre eux met en scène des paysages apocalyptiques, le monde est devenu aride, desséché, dénué de vie. Les sols sont rocailleux. Le ciel, noyé dans la poussière, est jaunâtre.
Il ne reste de vestiges Humains que des montagnes d’ordures et des ruines de villes inondées par les raz-de-marée qui ont suivi l'effondrement climatique.
Le personnage que l’on suit dans ce décor essaie de survivre du mieux qu’il peut.
La peau sur les os, rongé par les remords et la solitude, il traîne sa carcasse dans une ambiance de fin des temps, cherchant de quoi subsister grâce aux restes d'objets devenus obsolètes dans ce nouveau monde.
Pour obtenir ce résultat, les tournages ont lieu dans une carrière, dans un cimetière de bateaux et dans une “tanière” en bois, le refuge du survivant.
Cet homme n’est animé que par une seule chose : donner vie à ce que son imaginaire parvient encore à fantasmer, malgré les difficultés qu’il y a a survivre, seul au monde, dans une dystopie où l’onirisme manque profondément.
Son unique passe temps consiste donc à créer de petits animaux avec des matériaux de récupération, charbon, bois, papier, métal, disséminés un peu partout dans son abri de fortune, qui le protège des tempêtes extérieures.
Un jour, alors qu’il cherchait des débris pour se nourrir, se vêtir ou bien créer, il trouve sur sa route une lueur d’espoir, quelque chose qui pourrait lui faire croire que la vie pourrait bien revenir dans ce monde…
La vie, humaine, et autrement. C’est ce que nous avons voulu retranscrire dans le second univers, le second décor, qui n’est autre qu’une nature verdoyante, des paysages bucoliques, où se mêlent des éléments tels que la roche, l’eau et les arbres, dans lesquelles un homme-oiseau vie au rythme des saisons. Cet étrange animal plonge notre esprit dans un univers parallèle, on imagine aisément l’espèce humaine qui se serait adapté, transformé, comme si on faisait un bon dans le temps,des milliers d’années.
Sa conscience n’est plus particulièrement humaine cela dit, c’est dans l’apparence et le regard qu’on retrouve des bribes d’une humanité passée.
Cet animal est le seul élément qu’on incorpore dans une composition totalement naturelle, nous tournerons près de points d’eau et de forêts où aucune construction humaine n’apparaît pour rentrer totalement en immersion dans l’univers lointain que l’on souhaite montrer, celui où la nature a repris ses droits.
Voici comment notre histoire a relié ces deux univers radicalement opposés. Ce que l’homme qui tente de survivre dans un monde mort trouve et lui redonne foi en l’avenir, c’est un oeuf, un gros oeuf noir qui symbolise le retour à la vie. Il s’agit du premier spécimen d’homme-oiseau, celui qu’on filmera dans la nature est son lointain descendant. Il y a beaucoup de symboles derrière nos intentions, à Thibault et moi. Nous souhaitons raconter une histoire visuellement simple à la compréhension mais qui s’avère complexe et finement orchestrée, si bien qu’à la seconde lecture du clip le spectateur voit des choses qu’il n’avait d’abord pas vu, des détails, des références, des sens cachés.