Nous sommes six étudiants en 2ème année de formation d’Éducateur Spécialisé à l’ITES de Brest. Dans le cadre de notre formation, nous avons décidé de mener un projet avec des Enfants Nouvellement Arrivés (ENA) sur le territoire français, il se nomme BREST TOUR. Cela nous permettrait dans un premier temps d’approfondir nos connaissances sur ce public. Nous désirons travailler avec les mineurs sur la découverte du territoire, à l’échelle de la ville. D’autre part, nous cherchons à sensibiliser notre société à l’intégration et l’accueil des ENA afin de leur donner une place. La construction de notre projet autour de cette question d’actualité suscite toute notre attention et notre bienveillance car c’est un sujet sensible qui nous tient à cœur. Nous travaillerons avec l’ensemble des familles en intégrant les parents au sein du projet, cela nous paraît également important. En effet, à l’issue de ces rencontres, nous espérons apporter suffisamment d’éléments leur permettant de faciliter leur insertion sociale. Pour ce faire, nous allons proposer à des ENA durant 3 demi-journées de visiter Brest. Au cours de celles-ci, ils pourront découvrir la ville par le biais des transports en commun, ses lieux culturels, ses activités... Durant cette expérience, ils tiendront un carnet de voyage qui leur permettra de garder une trace de ce qu’ils auront fait et découvert. Au terme de ces demi-journées, nous préparerons avec les jeunes un goûter pour qu’ils puissent montrer leur carnet de voyage et expliquer ce qu’ils ont fait à leur famille. La finalité de notre projet est l’accompagnement d’enfants nouvellement arrivés sur le territoire pour découvrir la ville de Brest. À l'issue de ce projet, nous souhaitons que ces jeunes se sentent à l’aise dans leur ville.
Dans un premier temps, nous nous sommes renseignés sur le public avec lequel nous souhaitons monter ce projet.
Après cette recherche d'informations, nous avons constatés de nombreux besoins chez ce public, auxquels nous souhaitons répondre. En effet, ces jeunes ont besoin d'assimiler la langue française, de s'intégrer socialement, de s'approprier l'environnement spatial et culturel.
Ensuite, nous avons dégagés plusieurs objectifs généraux et opérationnels du projet afin de répondre à ces besoins. Le premier objectif général est de favoriser le contact des collégiens avec la langue française. Les objectifs opérationnels sont les suivant : organiser plusieurs sorties avec des activités impliquant la pratique de la langue française de façon orale : aller acheter un goûter dans une boulangerie, commander un verre en terrasse... et réaliser un carnet de voyage individuel avec chaque adolescent afin de pratiquer l’écrit de la langue française. Le critère que nous allons utiliser pour évaluer cet objectif est la capacité des jeunes à s’exprimer en français à l’oral et à l’écrit. Est-ce qu’ils se sont saisi des activités proposées pour enrichir leur vocabulaire ? Est- ce qu’ils ont réussi à se faire comprendre lors d’un achat ? Est-ce qu’ils réussissent à expliquer ce qu’ils ont fait à leur famille à l’oral et en montrant leur carnet ?
Le second objectif général est de lutter contre l’isolement social des jeunes et de leur famille en les rendant acteurs du projet. Les objectifs opérationnels sont les suivant : faire découvrir aux jeunes les activités et sorties possibles à faire avec leur famille ou leurs amis à Brest (gratuites ou à moindre coût) et organiser plusieurs sorties avec les adolescents et une avec les parents (participer à la vie sociale de Brest : boulangerie, supermarché...). Le critère que nous allons utiliser pour évaluer cet objectif est la capacité des jeunes à s’intégrer dans la ville de Brest. Est-ce qu’ils ont pu participer activement aux activités proposées ? Est-ce qu’ils ont réussi à instaurer une relation sociale en dialoguant avec les différents professionnels brestois rencontrés durant les activités ?
Le dernier objectif général est de permettre aux jeunes de découvrir la ville de Brest. Les objectifs opérationnels sont les suivant : découvrir la ville de Brest de façon culturelle et spatiale (faire un tour de Brest en transports en commun, visiter des lieux culturels, aller à la médiathèque des capucins...) et créer un carnet de voyage avec chaque adolescent pour répertorier toutes les découvertes qu’ils auront pu faire. Le critère que nous allons utiliser pour évaluer cet objectif est la capacité des jeunes à s’imprégner des lieux et de la culture brestoise. Est-ce qu’ils arrivent à mieux se repérer à Brest ? Est-ce qu’ils connaissent les lieux culturels de Brest et leur localisation ?
Notre projet s’adressera à des adolescents scolarisés dans une UPE2A (Unité Pédagogique pour les Élèves Arrivants Allophones). Ces collégiens ont entre 11 et 15 ans. Ce sont des enfants arrivés récemment sur le territoire brestois. Avec leurs familles, ils ont pu connaître la guerre, des régimes autoritaires, des persécutions... Pour différentes raisons, ils sont amenés à fuir leur pays. Pour ces familles, un long et difficile périple commence. Elles doivent traverser de nombreux pays dans des conditions déplorables (exemple : traverser des mers dans des embarcations de fortune). Pour ce faire, la famille doit payer des passeurs avec le risque de se faire arrêter et d’être rapatriée à tout moment. Lors de son arrivée en France, elle doit faire une demande d’asile. Ensuite, l’OFII (Office Française de l’Immigration et de l’Intégration) doit proposer à la famille une place dans une structure dédiée aux demandeurs d’asile (CADA, HUDA...) et lui offrir une aide financière pour vivre. A défaut de places disponibles, la famille est inscrite sur la liste d’attente et est orientée vers des solutions provisoires d’hébergement (hôtel). Certaines familles font appel au 115 tous les jours pour trouver un hébergement. De plus, la famille bénéficie de l’accès à la protection universelle maladie (PUMA) et les enfants doivent être scolarisés. La famille a accès à ces aides durant toute la procédure d’asile. Si la réponse à la demande d’asile est positive, la famille acquiert une carte de résident et le statut de réfugié. Elle obtient alors des aides supplémentaires, les parents ont le droit de travailler, de louer un logement et les enfants ont accès à l’éducation. Cependant, trouver un travail stable et correctement rémunéré n’est pas chose facile. Meubler entièrement un logement prend du temps et est onéreux. Les enfants vivent avec peu de choses. Les Enfants Nouvellement Arrivés sur le territoire, du fait de leur parcours de vie, ont de nombreux besoins. Leur histoire (guerre, grande pauvreté, camps de réfugiés...) peut les avoir fragilisés. Un des principaux besoins des enfants est l’appropriation de la langue, ils ne parlent pas et/ou ne comprennent pas bien le français. Ils n’habitent pas depuis longtemps à Brest, ils ont besoin de mieux connaître les transports et les activités culturelles proposées par la ville. En effet, l’accès à la culture et aux loisirs est un levier d’intégration sociale, or, l’absence de mobilité est un obstacle à celle-ci d’où l’importance d’avoir une bonne connaissance des transports en commun. Les ENA ont besoin de ne pas se sentir seuls dans ces situations plus ou moins difficiles à vivre. Le fait de se retrouver avec des enfants qu’ils connaissent déjà mais dans un tout autre cadre que celui de la scolarité, leur permettra de partager des moments différents. Ils pourront ainsi se découvrir les uns et les autres sous un nouvel angle et partager des expériences personnelles. De plus, le fait que toutes les familles se retrouvent permettra également aux parents de s’intégrer socialement en discutant entre eux. Les ENA ont besoin d’être accompagnés dans la découverte d’un nouvel environnement social, linguistique, spatial et culturel. En effet, les familles récemment arrivées sur le territoire se retrouvent souvent déstabilisées et isolées par un nouvel environnement qu’elles ne connaissent pas. Notre projet s’adresse aux adolescents mais nous espérons que leurs découvertes apporteront aussi à leurs familles. La participation des jeunes dans la construction du projet nous tient à cœur. Nous souhaitons qu’ils se sentent le plus possible acteur de celui-ci. Nous désirons rencontrer les jeunes une première fois pour leur présenter le projet et pour leur demander leur avis sur celui-ci, leurs envies d’activités... En ce qui concerne la médiation culturelle, ils seront pleinement responsables de la création de leur carnet de voyage, ils auront chacun le leur. À la fin du projet, les jeunes organiseront un goûter avec leur famille. Ils devront élaborer la liste de courses et les faire tout en respectant le budget imposé.