Du 13 au 19 décembre, entre Tiznit et Guelmin.
La semaine commence donc à Tiznit où je passe une ultime nuit. C’est l’occasion d’avancer sur le reportage sur lequel je travaille depuis Nador. Ce reportage traite du salon marocain. J’ai accumulé beaucoup d'informations durant ces deux premiers mois. L’enjeu a été de synthétiser toutes ces expériences chez l’habitant afin de donner une bonne idée de l’hospitalité marocaine. Mon partenaire Leroy Merlin Source m’accompagne dans la production éditoriale et la mise en forme. Le reportage sortira début janvier.
Cette semaine est celle de la transition entre le Maroc et le Sahara Occidental. Ou pour certains, entre le nord et le sud du Maroc. En effet, le Sahara est revendiqué à la fois par le Royaume du Maroc et par la République Arabe Sahraouie Démocratique, proclamée par le Front Polisario. Ce conflit ensable le pays depuis le départ des Espagnols en 1976. Quoi qu’il en soit ce changement demande des préparatifs. En plus du bouclage du reportage je dois aussi préparer la traversée du désert : photocopie des papiers nécessaires, amélioration et entretien de Marcel, ajustement des bagages, etc.
Je longe donc doucement la côte par Aglou, Mirleft, Legzira, et Sidi Ifni. Ce front a des ressemblances avec la Bretagne et pour cause j’y croise de nombreux français. Ils sont venus s’installer ici pour le calme et la beauté du lieu. Il y a Léo ; un jeune artiste photographe-plasticien, Anne ; une morbihannaise en reconversion, André ; un aimable retraité anti-vax, ou encore Jean-Pierre qui a construit sa maison juste devant la mer et qui parcourt le désert en 4x4.
Vendredi je quitte cette côte et roule beaucoup pour arriver à Guelmin. Je fais face à des longues bosses sous 25° et avec peu d’endroits pour se restaurer. Je peux sentir que je me rapproche du désert et que mes journées vont changer.
J'atterris ainsi à Guelmim ; les portes du désert. On me dit qu’après cette ville tout change et cela me rend un peu anxieux étrangement. J’ai tant attendu ce territoire mythique, mais maintenant je le redoute. Je fais donc escale pour quelques jours dans cette petite ville qui sent bon le désert. Imaginez le bruit et l’odeur du souk en pleine rue avec les étales de fruits et légumes, les pièces de viande pendues, les dizaines de sacs remplis d’épices, d’herbes, de graines, etc. Et ça tombe bien puisque je compense cette petite appréhension par la nourriture.
Pour moi, la gestion de l’alimentation est primordiale pour cette traversée. Autant l’eau est plus importante, mais elle est aussi relativement plus facile à trouver. Je fais donc le plein de vivres en prenant soin de choisir les produits les plus riches en termes d’énergie, et les plus simples à cuisiner. Lentilles, kakis, maquereaux, conserves, etc. En résulte un vélo encore plus lourd et pénible à traîner.
Dimanche dans le petit hall de l’hôtel où j’héberge, je croise Thomas. Au premier abord je le prend pour un marocain avec sa longue djellaba et son parlé arabe. Mais Thomas vient de Nantes et va aussi vers le sud en sac à dos. Il marche et fait de l’auto-stop. Thomas est beaucoup plus intégré à la culture marocaine que moi. On échange sur nos expériences respectives et partage de précieux conseils. On sera amené à se recroiser durant les prochains jours. -